Acte II. Scène V.
Un matin de 1944, Khana, habituée aux divers bruits du boulevard, pense entendre des roulements de chenilles.
Elle se lève avec précaution pour ne pas réveiller son ami Otto.
Elle qui l’enlaçait alors qu’il dormait, sans doute pour ne pas perdre celui qui ‘égaye’ sa solitude. Comme elle le faisait avec son frère Willy lorsqu’il montait prés d’elle pour s’endormir dans ses bras. Elle le couvrait et le couvait, surveillait son sommeil comme le ferait une maman envers son bébé. Otto était son bébé, et pour rien au monde, elle le laisserait tomber. Elle se sentait très liée à ce jeune garçon qu’elle voyait comme un membre de sa famille. Tant il était doux, intelligent obéissant.
Khana, en ‘mère ou en sœur’ responsable donnait là encore un vrai sens à sa vie.
L’instinct maternelle ne connaît pas d’âge surtout lorsque petit à petit, il va se transformer plus tard en amour.
Elle se poste devant le soupirail et là, elle aperçoit des tanks.
Ils ne sont pas allemands.
Elle attend encore un peu et alors que les premiers chars passent devant elle, elle surprend des échanges en anglais et surtout elle lit des noms bizarres tracés sur les flancs de ces engins de mort. Elle comprend que Berlin est tombé et sans doute délivré du joug nazi.
Du moins elle le pense.
Elle voit aussi un grand nombre de ses compatriotes en guenilles sortirent d’on ne sait où pour quémander quelques subsides à ses nouveaux libérateurs. Berlin reprend t’elle vie avec l’apparition de ces premiers Sherman... ? Des hauts parleurs invitent en allemands les survivants à sortir de leur taudis sans aucune crainte.
Khana court réveiller son ami. Ils voient enfin les prémices de la liberté. Ils décident de sortir au grand jour.
Elle a 14 ans et lui 11 en ce premier jour de la libération de Berlin.
Khana et Otto, la main dans la main, gravissent des monticules de gravats. Evitant surtout de tomber. S’accrochant presque à ces quelques rayons de soleil éphémère berlinois.
Ils marchent ensemble sur ce qui était la plus belle avenue de Berlin, transformée en immense champ de ruines. Vêtus de lambeaux, sales et misérables, respirant enfin le grand air, cet air pollué par la poussière soulevée par les colonnes de tanks.
Ils sont libres après des années de cachot.
La croix rouge internationale les recueille.
Le grand recensement en Europe va commencer.
Et l’horreur va apparaître au grand jour.
A Suivre...